A l’instar d’une pièce à soi, cet essai de l’autrice britannique est mis dans un carcan narratif épistolaire. Celui des 3 guinées (la guinée étant une pièce de monnaie britannique) est une correspondance afin de répondre à la question : “que faire pour prévenir la guerre ?” dans un contexte d’imminence de deuxième guerre mondiale. En cherchant la réponse, Virginia Woolf analysera les raisons poussant les hommes à faire la guerre – critique de la virilité face aux horreurs qu’elles créent, la société patriarcale qui entravent les femmes à avoir un accès à l’éducation (qui est beaucoup plus économiquement démuni que celles des hommes) et au pouvoir. La réponse de Woolf est ambigüe et fine: l’autrice veut aider à prévenir la guerre, mais elle ne peut s’allier à des hommes qui la maintiennent prisonnière. Elle est ferme, parfois virulente, tout en restant très pédagogique et respectueuse (?) afin de ne pas froisser son correspondant. Ainsi, Virginia Woolf ne signera pas le manifeste du correspondant, mais sur les trois guinées qu’elle distribue, il en recevra une: les deux autres iront aux femmes. Une métaphore qui illustre bien la tempérance et la fermeté de l’essai.
Marie Gouze est une figure féministe importante de la Révolution française qui fut incroyablement en avance sur son temps: veuve jeune, elle a vécu libre et a tout fait pour entendre ses idées, non seulement féministes mais aussi anti-esclavagistes. Ces textes et son style oratoire étaient remarquables: qu’elle fasse l’objet d’une biographie – BD est un hommage plus que légitime. Bocquet au scénario, Catel (qui a fait plusieurs BDs-biographie autour de plusieurs figures) au dessin, laissez-vous porter par les dessins pour découvrir (ou redécouvrir) celle qui se faisait appeler Olympe de Gouges. Site de l’éditeur
Ce livre d’une centaine de pages a pour but de répondre aux questions que peuvent se poser une femme victimes de violences conjugales et qui s’interrogent sur ce que peut faire la justice pour elle. Elle ne remplacera pas un juriste ou l’aide d’un avocat, mais peut être une porte d’entrée ou un accompagnant, expliquant en termes simples sans faire l’omission du lexique particulier du droit. Le piège dans lequel ce genre de livre peut tomber, en particulier quand il est rédigé par des membres de la justice, est de considérer que “la justice est parfaite et vous ne pouvez rien lui reprocher”, qui tend à être culpabilisant pour une personne ne connaissant pas la justice, le droit ou qui en a souffert. Ce n’est pas le cas ici. Les autrices pointent d’ailleurs historiquement ce qui s’est passé depuis 1945 et au XXIème siècle et pointent les limites du système actuel. Ce guide remplit le travail qui lui a été confié. LT de lecture
L’afroféministe bell hooks signe ici le premier volument d’une trilogie dont le sujet principal est l’amour. Qu’est-ce que l’amour ? Pourquoi n’osons-nous pas en parler librement ? Pourquoi la questions est dénigré par la société ? A quel point la définition faussée que nous avons de l’amour dans la société peut nous condamner à ne jamais aimer ? Même si j’ai moins adhéré aux chapitres où bell hooks évoque la religion (sans être prosélyte, mais le livre est un peu son expérience personnelle et elle est une croyante éclairée), il est difficile de sortir de cette lecture sans Le livre fait du bien, comme, à l’instar des autres livres féministes, il contribue à nous libérer, nous laver des idées pré-conçues de l’amour qui nous font du mal et qui sont véhiculés par la société et les médias. LT de lecture