Il s’agit de l’adaptation BD de Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin écrit par Tania de Montaigne. Si la BD est inspirée (le texte est le même que dans le livre) de l’essai, il se focalise essentiellement sur la vie de Claudette Colvin quand le livre pour digresser sur d’autres points (notamment le racisme d’aujourd’hui), et un lexique apporte un complément sur le contexte. Le style est très sobre et la BD se lit bien. Si cela vous a plus, je vous conseille de lire le roman.
Voici un ouvrage BD un peu à part, au sens qu’il ne s’agit pas d’un livre se présentant comme féministe en soi mais qui illustre les déboires d’une trentenaire cherchant à fonder une famille. En filigrane, est dénoncé la charge mentale dans le couple, la sexualité, la responsabilité de la contraception, l’engagement dans un couple hétérosexuel standard. Site éditeur
Dans le Yorkshire, en 1975, un tueur en série a tué des dizaines de femmes avant d’être arrêté. “Après que tout fut fini, il s’avéra qu’il avait été interrogé plusieurs fois. Mais ils ne cherchaient pas un homme ordinaire.” Una raconte son enfance entaché de violences sexuelles en parallèle de la recherche d’un tueur de série en femmes qui ne fut pas capturé tout de suite car il ne correspondait pas au stéréotype du tueur en série, tout comme ses victimes, des femmes isolées voire prostituées, ne correspondaient pas au stéréotypes des victimes. Des faits divers, terribles car communs et universels. Deux histoires qui se recoupent douloureusement et décrivent une société où la violence contre les femmes, n’était et n’est jamais loin.
I’m every woman ( je suis chaque femme) est la troisième bande dessinée à thème féministe de Liv Strömquist traduite par les éditions Rackham. A contrario des Sentiments du Prince Charles et de L’origine du Monde qui se présentait sous la forme d’un essai monobloc découpé en chapitres, il s’agit ici d’un recueil d’histoires et de réflexions indépendantes allant de 1 à une dizaine de pages. La majorité s’intéresse cependant à une ou plusieurs femmes, dont l’histoire n’a retenu fort injustement qu’elles n’étaient que des “femmes de”. Liv Strömquist nous parle ainsi de Ronnie Spector, Britney Spears, Priscilla Presley, Lee Krasner, Nadejda Alllouïeva et Yoko Ono. Les autres chapitres s’intéressent à déconstruire des idées patriarcales, comme la famille nucléaires, la prostituée de Babylone (reliquat des déesses des religions qui ont laissé place aux monothéistes avec un dieu) et de la nature naturelle justifiant tout et n’importe quoi chez les humains. Peut-être moins fondamental que les deux premiers car moins dense, c’est toujours avec plaisir qu’on retrouve Liv Strömquist.
L’illustrateur du féminisme en sept slogans et citations veut sensibiliser à la violence masculine subie par les femmes par l’intermédiaire d’une BD représentant les hommes comme des crocodiles. Comme cela est expliqué par des femmes à a fin de l’ouvrage, cette métaphore et le fait que tous les hommes, gentils ou non, soient représentés par l’animal, rappelle que pour une femme, il est impossible de savoir si un homme sera respectueux ou non… et dans le monde actuel, le =consentement des femmes -qui est le point-clé dans les problématiques d’harcèlement et de violences sexuelles- est rapidement non respecté même par des hommes avec les meilleurs intentions. Cette BD contient également des planches avec des conseils pour se défendre contre le harcèlement et les violences (sans prétendre être une réponse acceptable ou que cela soit possible dans toutes les situations). La dernière BD indique que le public visé en premier lieu sont les crocodiles, afin qu’ils prennent conscience de l’oppression qu’ils peuvent faire subir aux femmes. Un livre important à lire de bout en bout – autant les témoignages que les explications de texte à la fin. Vu la dureté des témoignages, il est difficile de dire qu’on prend du plaisir…
La blogueuse Emma, ingénieure informatique et dessinatrice s’exprime en BD autour de sujets touchant la politique mais également de féminisme : vous pourrez découvrir dans ce premier tome notamment ce qu’est le gaslighting et ce qu’on appelle le regard masculin et l’épisiotomie (violences obstétriques). Récemment, sa BD sur la charge mentale a eu pas mal de succès et de retentissement. Un deuxième volume contenant cette BD est déjà disponible dans les librairies. Emma a un vrai talent pour la vulgarisation et je vous encourage à la découvrir.
Marie Gouze est une figure féministe importante de la Révolution française qui fut incroyablement en avance sur son temps: veuve jeune, elle a vécu libre et a tout fait pour entendre ses idées, non seulement féministes mais aussi anti-esclavagistes. Ces textes et son style oratoire étaient remarquables: qu’elle fasse l’objet d’une biographie – BD est un hommage plus que légitime. Bocquet au scénario, Catel (qui a fait plusieurs BDs-biographie autour de plusieurs figures) au dessin, laissez-vous porter par les dessins pour découvrir (ou redécouvrir) celle qui se faisait appeler Olympe de Gouges. Site de l’éditeur
C’est le deuxième ouvrage traduit en français par les éditions Rackham de l’autrice. Après avoir exploré l’amour et le mariage dans les sentiments du prince Charles, Liv récidive avec une BD-essai sur le sexe féminin et la sexualité dans tous ses états et maux à travers l’Histoire. Très bien documenté, style percutant, humour souvent noir, une lecture que je conseille. Je préviens que le premier chapitre est particulièrement dur car il évoque des mutilations génitales.
Jacky Fleming propose une BD pour nous expliquer le problèmes avec les femmes, s’appuyant sur des citations de génies (qui ne sont pas des femmes) comme Schopenhauer ou Darwin. Ils nous permettent de répondre à nos questions les plus évidentes: l’absence des femmes dans l’histoire (spoiler: elles n’existaient pas voilà) et fait le tour des difficultés que l’on percevait chez elles dans le passé. Plus humouristique qu’informatif, la BD pointe les entraves que les femmes ont eu dans l’histoire et explique leur absence dans l’histoire, au cas où il y en aurait encore des convaincu-e-s que ce n’est qu’un problème biologique.
Cette BD ne parle pas de féminisme à l’instar de l’introduction de Anne-Charlotte Husson et Thomas Mathieu. Pénélope Bagieu a décidé de mettre son talent pour raconter la vie de femmes qui ont marqué l’histoire malgré les difficultés de leur époque pour devenir “quelqu’un”, ou plutôt “quelqu’une”, leur principal difficulté, étant, pour chacune, d’être une femme. Il est souvent dit qu’il n’y avait pas eu de grandes femmes dans l’histoire ; qu’aucun ne l’a marqué ou construite. On oublie souvent que l’Histoire avec un grand H dans la manière est racontée de manière sexiste et que la vision des historiens est biaisée, consciemment ou non. Avec ce bel ouvrage joliment illustrée, c’est un petit pas qui est fait pour donner de la lumière à plusieurs femmes. Certaines histoires sont drôles, d’autres touchantes, certaines très dures à lire. Les Culottées sont en deux ouvrages: le deuxième tome sortira en 2017. Blog où on peut lire les planches Site de l’éditeur